GEOFFROY DE BOISMENU

PORTRAITS

Photos de commande publiées dans la presse magazine

Je n’ai jamais cessé de faire des portraits. Les premiers que j’ai réalisés dans la perspective d’amorcer une série cohérente furent ceux du curé du village de ma mère, de son coiffeur, de la marchande d’articles de pêche et des paysans alentour. Je les ai tous photographiés en noir et blanc, en lumière naturelle et sur un fond blanc (un léger gris en fait). Ce sont eux que j’ai présentés aux journaux quand j’ai commencé à montrer mon travail.

Plus tard, je me suis mis à la couleur et j’ai essayé une autre façon de faire, une autre mise en scène. C’est mon expérience de photographe de mode qui m’a permis de passer ce cap.

Je me suis alors inspiré des règles du groupe Dogma95 et me suis imposé des règles strictes : pas de lumière ajoutée, pas de pied photo, pas d’assistant, pas d’action superficielle, une focale normale, des prises de vues in situ, ce genre de choses.

Souvent, je restais caché derrière un buisson, une porte entrouverte ou coincé entre deux poubelles. Le modèle n’était parfois plus très conscient de l’endroit exact où je me trouvais. Je n’étais jamais loin mais il ne le savait pas toujours.

Le résultat s’apparentait à une photo de paparazzi nette et sans grain (car pas agrandie) et un cadre rigoureux.

Je me faisais mon petit cinéma.

Ce sont essentiellement ces portraits que je présente au SEW.

Et puis, le noir et blanc, plus réaliste, m’a rattrapé. Avec lui, le fond blanc qui met davantage en avant la chair et les tissus. Rien qui puisse situer, informer et soutenir une personne. En dehors du modèle, le vide. Chacun se fait sa propre interprétation.

Ce sont ces portraits que je présente au Tempo.

Je navigue aujourd’hui de l’un à l’autre sans éprouver de mal de mer.