CINÉ-PHILO Les ailes du désir

SYNOPSIS

Des anges s'intéressent au monde des mortels, ils entendent tout et voient tout, même les secrets les plus intimes. Chose inouïe, l'un d'entre eux tombe amoureux. Aussitôt, il devient mortel. Un film sur le désir et sur Berlin, "lieu historique de vérité".

Olivier Verdun, philosophe, nous fera l'honneur d'animer une discussion autour du film.

"Du haut d’un Berlin mélancolique portant les stigmates de l’histoire, deux anges, Damiel et Cassiel, invisibles aux yeux des hommes, donc en principe indifférents à leurs joies et à leurs souffrances, captent leurs monologues intérieurs en un long écho polyphonique. Damiel, qui sature d’éternité, en a assez de ne rien faire d’autre que contempler les humains. Il est las de son existence d’esprit, un esprit sans corps, sans désir, sans passé, sans futur, sans nostalgie ni espoir, sans histoire ni projet. Il souffre de ne pas souffrir, d’être privé du sentiment d’existence. Aussi décide-t-il de s’incarner et de renoncer à l’éternité pour l’amour d’une femme, Marion, une jeune trapéziste. Sorti en 1987, deux ans avant la chute du mur, Les ailes du désir, dont le scénario a été coécrit avec l’écrivain Peter Handke, a pour centre de gravité Berlin Ouest, véritable palimpseste urbain, figure emblématique des errements de l’humanité, avec ses déchirures et ses espaces en friches. Ces anges désincarnés qui posent leurs yeux sur nos existences fragiles sont là pour révéler aux humains le privilège d’être en vie face à l’ennui de l’éternité. - Avoir un corps, être capable de le sentir, de se réchauffer les mains quand il fait froid, de boire un café, de fumer une cigarette, de goûter les menus plaisirs de l’existence, avec ses hauts et ses bas, d’éprouver la morsure du manque sans laquelle aucun désir ne naîtrait : le film de Wim Wenders est un hommage à notre humanité incarnée qui n’a de sens que parce qu’elle est finie, éphémère."

Olivier Verdun